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Marque employeur, e-réputation: les nouvelles exigences du recrutement

Publié le 02 Jul 2015

A l'heure ou les digital natives font leur entrée sur le marché du travail - une tendance qui va aller en s'amplifiant - les recruteurs se voient dans l'obligation d'appréhender leur processus de recrutement sous un nouvel angle. Explications.

 

La montée en puissance des médias sociaux a conféré à ceux que l'on désigne comme "hyper connectés", une habitude qui consiste à se renseigner au préalable sur le web social avant l'acquisition d'un bien ou la postulation pour une offre d'emploi.

 

Il en va de même pour la recherche d'informations généralistes, plutôt que d'opter pour les médias traditionnels, ces derniers préfèrent souvent des sites d'information "alternatifs", ce qui est empreint d'un volontarisme représentatif du comportement de cette génération. Cela a affecté jusqu'à la terminologie de certaines expressions, ainsi le "consomm'acteur" s'est substitué au consommateur, il en va de même pour le processus de recrutement.

 

En ce qui concerne l'intérêt qu'un candidat porte à une entreprise, la première étape de sa démarche va consister à se renseigner sur l'entreprise visée, entre autres sur sa e-réputation (ce qui peut se définir comme l'opinion des internautes à l'égard d'une entité, dans le cas présent une entreprise). D'autant que l'accès à ces informations est facilité du fait des nombreux points de contact entre l'entreprise et son public (clients, prospects ou candidats potentiels).

 

En effet, les blogs corporate et les pages Facebook, Twitter, Pinterest voire Instagram, Tumblr ou Vine concentrent les actualités propres à la structure ainsi que des offres d'emploi. Les réseaux sociaux professionnels (LinkedIn, Viadeo) donnent accès aux profils des collaborateurs en poste, ainsi qu'à du contenu relatif au secteur d'activité dans lequel l'entreprise évolue. Ce qui nous amène aux profils Facebook et Twitter des collaborateurs qui usent parfois d'un ton critique pour traiter de leur structure, parfois un peu trop au goût de leur direction.

 

En témoignent les quelques cas de bad buzzs dus à des commentaires négatifs, entre autre le cas de l'employé de la chaine de restauration rapide Quick. Ce dernier a été poursuivi en justice par la marque pour diffamation, après avoir tenu une chronique de son quotidien professionnel, dans lequel il dénonçait des conditions de travail difficiles.

 

En effet, on estime à 1/5 la part de salariés vidant son sac sur les réseaux sociaux, une tendance parfois destructrice pour l'e-réputation de l'entreprise, ce qui peut faire fuir des candidats auparavant enclins à postuler.

 

La maîtrise du discours est à présent devenu une nécessité, ce qui complexifie la tâche des community managers en charge de cette communication. Cela pousse parfois des entreprises à élaborer des chartes de "bonne-conduite" sur le web social, interdisant l'usage de certaines expressions ou un ton jugé trop condescendant. L'usage voulant que que l'on ne prenne jamais le contrepied d'un internaute. Quitte à ne pas répondre quand le propos est jugé trop hostile.

 

C'est pourquoi il est recommandé de pousser ses salariés à communiquer positivement, ce qui peut, voire doit être récompensé car constituant un vecteur de communication positive et à moindre coût. Ainsi, il est important de se rappeler que même le profil Twitter ou Facebook d'un collaborateur n'en demeure pas moins un espace public de communication.

 

En ce qu'ils sont de plus en plus amenés à jouer le rôle d'ambassadeurs de la marque, donc de l'image de marque (soit la représentation subjective de la marque dans l'imaginaire individuel et/ou collectif), les employés devraient être systématiquement formés à ce genre de pratiques et au ton à employer. Une formation qui reste pour l'instant dispensée aux seuls community managers.

 

Les réseaux sociaux occupant une place de plus en plus prépondérante dans les canaux de recrutement préférés des RH, il est primordial que l'e-réputation de l'entreprise recruteuse soit cultivée et préservée.

 

Au vu de la viralité qui a caractérisé certains dérapages la prudence est de mise dans l'entretien de la relation client par le biais des médias sociaux. Ceci passe par des échanges enrichissants pour le consommateur, un ton avenant, des données transparentes et une information qu'il ne pourra pas se procurer ailleurs.

 

En conclusion, si cette tendance existe dans un sens, il est avéré que les recruteurs se renseignent sur les profils des postulants. D'où la nécessité pour ces derniers de veiller aussi à leur e-réputation en évitant de publier du contenu susceptible de jouer en leur défaveur.

Tristan de Malleray,
Responsable Rédaction et Communication chez BeCoopt.
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