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Réseaux sociaux: un canal de recrutement émergent mais encore précoce

Publié le 20 Jul 2015

La preuve de l'utilisation instinctive du web social par la jeune génération (aussi appelée génération Y ou digital natives) n'est plus à faire. Depuis peu gratifiés du statut d'"ultra" ou "hyper" connectés ou tout autre superlatif, ces derniers assument un rapport décomplexé à ces supports et zones d'expression publiques.

 

En tant qu'espaces de partage, les réseaux sociaux sont utilisés et appréhendés à cette fin et la plupart du temps cantonnés à un usage ludique et personnel, mais l'évolution des mentalités est en marche. C'est ce qu'illustre l'enquête édifiante réalisée par l'école de commerce EDHEC, le hub NewGen Talent Centre et le site de recrutement JobTeaser.com.

 

Pour les besoins de cette enquête, un échantillon de 1000 jeunes issus de 550 formations différentes a été interrogé. Le premier constat abonde dans le sens de ce qui a été évoqué ci-dessus et révèle que 91% des sondés ont passé le pas de l'inscription sur un réseau social professionnel. Il s'agit en majeure partie du géant américain LinkedIn mais aussi de son concurrent français Viadeo. Ce chiffre est intéressant en ce qu'il met en lumière un engouement encore limité pour ce type de réseaux, la même question avait été posée en 2014 et ils n'étaient alors que 86%.

 

En revanche, bien qu'ils ne soient que 35% à admettre y avoir déjà consulté une offre ou postulé en 2015, ce chiffre s'élevait à 19% en 2013, soit une augmentation conséquente pour ce type de pratiques.

 

Plus intéressant encore est l'usage que ces derniers ont de ces réseaux professionnels. Malgré le fait qu'une quasi-totalité d'entre eux y soient inscrits, leur activité y est pratiquement nulle, rien à voir avec leur utilisation des réseaux sociaux non professionnels. En effet, ils sont très peu à publier du contenu ou à interagir avec leurs contacts, ils se limitent la plupart du temps à se constituer un réseau de relations et, pour certains d'entre eux ont recours aux pratiques citées plus haut.

 

Le constat le plus étonnant renvoie à la place occupée par ces réseaux sociaux professionnels dans la recherche d'un premier emploi. En effet, si 32% ont consulté les sites Internet dédiés et 14% les sites RH, ils ne sont que 8% à avoir utilisé les réseaux sociaux professionnels à cette fin.

 

En ce qui concerne l'accession au premier emploi, les méthodes les plus récentes et technologiques cèdent la place au traditionnel réseautage. Qu'il s'agisse de cooptation ou de bouche-à-oreille, ils sont 46% à y être parvenus par l'intermédiaire de leurs proches ou relations. Viennent ensuite les recommandations des professeurs à 34%, puis toujours dans le cadre de l'école ou de l'université, l'intranet de l'école à 29% ou les associations d'anciens élèves. Enfin, les réseaux sociaux professionnels arrivent bons derniers, avec un taux de seulement 4%.

 

Le recours au réseau personnel se place une nouvelle fois en tête dès lors qu'il s'agit de trouver un emploi, avec 37% de l'échantillon sondé. Quant aux sites d'emploi et intranets d'écoles, ils se positionnent respectivement en deuxième et troisième position, avec 31% et 20%. Sans surprise, les réseaux sociaux sont délaissés au profit des autres canaux cités ci-dessus et ne cumulent que 10%. Ces chiffres pointent là encore la supériorité du réseautage physique sur les réseaux virtuels, et ce même à l'heure de la montée en puissance du web social.

 

Les réseaux sociaux non professionnels que sont Facebook et Twitter ne sont pour ainsi dire, même pas perçus comme de potentiels vecteurs d'emploi, bien que 30% admettent avoir liké une page corporate sur Facebook. Seul Twitter sort péniblement son épingle du jeu et a déjà été utilisé à 8% de l'échantillon dans le cadre d'une consultation d'offre et à 3% pour une postulation, toutefois 14% avoue suivre un compte corporate.

 

Tristan de Malleray,
Responsable Rédaction et Communication chez BeCoopt.
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